Byzance. L’Empire byzantin, l’Art byzantin. Un autre grand protagoniste de notre histoire culturelle après l’Égypte, la Grèce et Rome. Une rare réussite artistique à avoir lié, pendant plusieurs siècles, le Proche-Orient et notre Occident européen. Car on aurait tort de considérer que l’art byzantin ne concerne que Constantinople et les Balkans. Byzance s’est largement invitée en Italie, et à partir de là, ses motifs ont inspiré nombre de réalisations, de l’Allemagne à l’Espagne, jusqu’à ce que la Renaissance vienne finalement la détrôner dans le cœur des commanditaires et des artistes.
L’Italie donc. Et plus précisément l’exharcat byzantin de Ravenne-Venise. Aujourd’hui bien discrète sur la côte adriatique, Ravenne, campée sur son cordon de dunes, quasi flottante au milieu des marécages, était un petit port paisible sur l’Adriatique. Choisie comme capitale-refuge par les derniers empereurs romains pliant devant l’arrivée des Goths qui la tourneront à leur avantage, Ravenne et ses pins indolents fut donc au VIe siècle la cible du plus audacieux des empereurs byzantins venu y défier les cavaliers de la steppe et reconquérir ce qui restait de l’empire romain. S’ensuivirent de fastueuses basiliques aux cortèges impériaux parés de bijoux blancs et rouges, yeux profondément ouverts sur le monde, sur fonds de mosaïques rutilantes de lumière dorée.
De Ravenne naîtra cette fabuleuse connexion byzantine avec Venise. Nous allons l’explorer attentivement, à l’écart de la foule, de la mystérieuse île-berceau de Torcello aux trésors bien abrités de la grande basilique de San Marco. Car, dès l’origine, ce port improbable dans une situation géomorphologique funambulesque, accueille le meilleur de l’Orient et crânement expérimente des synthèses culturelles qui la rendront unique au monde.